mercredi 15 janvier 2014

Monsanto Chemical Works détient désormais 95% du marché des graines de coton en Inde.

Alerte Planète

La situation

Monsanto se trouve donc en situation de monopole grâce à son coton génétiquement modifié. Inutile de décrire dans ces lignes les effets que cela provoque tant sur les hommes[1] que sur l'environnement, d'autres s'en occupent par ailleurs [2].
N'oublions pas au passage que l'Inde représente 22% de la production mondiale (derrière la Chine 26% qu'elle devancera probablement cette année et devant les Etats-Unis 16% [3]) tandis que la demande mondiale croît d'environ 4% chaque année [3].

La spéculation

Différents facteurs ; humains ou climatiques ; provoquent chez certains de mauvaises récoltes, tandis que d'autres organisent des importations massives afin de constituer des stocks (en réalité ces derniers sont estimés à 75% de la production mondiale annuelle!). C'est notamment la stratégie de la Chine (la moitié des stocks mondiaux[4]) qui, imposant des barrières douanières importantes, étrangle un peu plus les pays en voie de développement auprès desquels elle se fournit. Avec la baisse de la production mondiale qui s'annonce, on pourrait imaginer assez bien la suite d'un scénario catastrophe. Entre spéculation et programmes de développement à outrance, portés par des promesses de productivité illusoires grâce au mirage OGM.

L'Afrique...

La situation en Asie est donc très inquiétante. Ce qui se passe en Inde serait limité à ce seul pays ? Détrompez-vous.
L'Afrique de l'Ouest est elle aussi touchée et les désastres à venir ne s'annoncent pas différents de ce qui se passe à quelques milliers de kilomètres de là [5]. Et pourquoi ceci accentuerait-il cela ? Tout simplement parce que "(...) si l'Inde est moins compétitive que le Bangladesh, qui bénéficie d'une main d'œuvre moins chère, elle arrive cependant à avancer ses pions sur l'échiquier mondial. A l'instar de ce que font les Chinois, elle privilégie sa demande intérieure, ce qui pousse les acheteurs mondiaux vers de nouvelles sources d'approvisionnement..."[6].
L'Inde aurait donc fait ses choix : conserver sa matière première pour son industrie textile et ne pas sacrifier ses paysans. Notamment en subventionnant ces derniers, tout comme la Chine peut le faire par ailleurs. Combien de temps tiendra-t-elle ?
Il y a donc fort à parier qu'en quête de nouveaux marchés à investir, le nuage de sauterelles va se déplacer d'Est en Ouest. Avec l'organisation de la fluctuation des cours ; dont certains effets sont déjà visibles ; et l'aide aux pays en voie de développement, se mettra inexorablement en place le pillage à retardement. Selon des schémas identiques à ce qui s'est déjà produit par le passé, seuls les modes opératoires évoluant. On ne change pas les vieilles recettes. On se contente de les dépoussiérer pour mieux masquer sa stratégie. Dans les deux cas, des firmes comme Monsanto seront gagnantes.
Une partie de la réponse à donner pourrait bien être celle que l'Inde semble vouloir fournir pour le moment. Mais l'Afrique Subsaharienne est trop fragile pour pouvoir résister, notamment lorsque le FMI et la Banque Mondiale semblent préoccupés par ses capacités de production...[7]
Une alternative à cela serait de promouvoir ce que certains économistes proches du FMI désignent avec mépris comme un "marché de niche" : le développement du coton Bio. Ce que savent faire les Africains. Ce que savent faire aussi les Indiens.
L'Afrique a indéniablement une carte à jouer sur ce terrain. Mais pour cela il faut l'aider et l'aider bien, avant qu'il ne soit trop tard. Et c'est un rôle qui pour nous semble dévolu à l'Union Européenne si elle veut elle-même conserver une certaine indépendance face aux deux géants que sont la Chine et les USA sur ce marché. Peut-être serait-ce aussi une façon de payer ; une fois n'est pas coutume ; "la dette de sang" que certains de ses états membres ont pu contracter au cours d'un Passé encore récent auprès de certains pays Africains. Avant que l'expérience ne se transforme en un second Fordlândia à l'échelle d'un continent.

Malédiction ?

Au regard de l'Histoire on pourrait se demander si cette fibre ne serait pas maudite tant elle est entachée du sang de ceux qui la produisent et non de celui de ceux qui s'enrichissent avec.
Pourtant, dans certaines régions du Monde, ce n'est pas d'hier que l'on produit cet "Or Blanc" et ce sur la base de connaissances acquises au fil des générations, que ce soit en Inde, en Afrique ou en Amérique du Sud. Sans plomb, ni Arsenic ou manipulations génétiques aussi inefficaces que contre-productives.
8.000 ans de connaissances durement acquises prêtes à partir en fumée à cause de la prétendue démarche philanthropique de certaines firmes, dont Monsanto[8].
Cependant, il serait simpliste de transformer Monsanto en bouc émissaire. Déjà parce que cette firme n'est pas la seule à faire ce business sur le marché mondial. Ensuite, parce que ce à quoi on assiste aujourd'hui n'a pas beaucoup évolué, en terme de stratégie, au cours des deux derniers siècles.
Nous voulons parler de ce milieu du 19ème siècle où le Canadien Sir Lord Dalhousie (1812-1860) fit introduire le coton Américain sur le sol Indien provoquant ; sans même s'en douter ; une véritable bombe écologique à retardement.
Savez-vous pourquoi ?
Tout simplement parce que les fibres de coton indiennes s'avérant trop courtes pour les machines à filer anglaises, il parut préférable à certains d'éradiquer les espèces locales, au profit d'une fibre "standardisée", totalement inadaptée à cet environnement par ailleurs... Alors on se dit que ce n'est pas d'hier que l'on marche sur la tête en ce bas monde.
Le pragmatisme imbécile présenté comme une vertu et la vision étroite sont l'apanage des petits hommes, c'est ainsi. C'est important d'en prendre conscience et si cela ne résout pas les problèmes, c'est néanmoins un pas supplémentaire vers un début de solution : le refus. Car "L’élite n’est, matériellement, ni plus avisée ni meilleure que la masse.".
Pour conclure, sans le moindre cynisme, nous trouvons plutôt cocasse qu'une entreprise Américaine deviennent leader avec son coton génétiquement modifié en constatant par ailleurs que sa commercialisation coïnciderait presque avec l'arrivée en Inde du fléau qu'il est sensé combattre. La remarque s'applique aussi pour l'Argentine. Décidément les voix du Seigneur furent bien impénétrables à l'approche de ce IIIème millénaire... Lorsque Gandhi prit comme symbole le rouet, les siennes ne l'étaient pas, il avait une fois de plus vu juste. Il n'y avait qu'à observer et comprendre.

Soutien au commerce eco-responsable

C'est au regard de tout cela, que nous avons décidé de soutenir la campagne pour "un coton bio et équitable" d'un organisme renommé de certification tel que GOTS et l'association Britannique SOIL dont vous retrouverez la déclaration commune ici.
C'est aussi pourquoi nous ne souhaitons pas incorporer dans nos Fannettes Waldorf des matières dont la provenance ne pourrait être garantie et les traitements qu'elles ont subi certifiés. Nous souhaitons privilégier les circuits courts, le mode équitable et éco-responsable. Tout en restant extrêmement vigilants.
Convaincus que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières et que nous devons bien cela à nos enfants. Car, comme l'écrivait H.D Thoreau : "Si je suis venu au monde, ce n’est pas pour le transformer en un lieu où il fasse bon vivre, mais pour y vivre."

Sources
[1] - France24 - "OGM : la fin du rêve Monsanto en Inde ?" Reportage de Mandakini Ghalot et Constantin SIMON
[2] - Combat Monsanto
[3] - Centre du commerce International - Guide de l'exportateur de coton
[4] - ISCTD (International Centre for Trade and Sustainable Development) Document Coton: Évolution de la Production mondiale, son Commerce et sa Politique
[5] - A lire cet article de GRAIN sur Monsanto et le coton en Afrique de l'Ouest.
[6] - Céline BONNEMAISON,CCEF section Inde, Le secteur textile en Inde.
[7] - Mme Christine Lagarde, présidente du FMI, ancienne présidente du comité exécutif mondial d'un grand Cabinet d'Avocats américain : Baker & McKenzie. Ce même cabinet qui gère les affaires de Monsanto. Rappelons qu'en 2007 Mme Lagarde, alors Ministre de l'Agriculture, avait autorisé l'incorporation de 0,9% d'OGM dans les produits bio de norme AB, sans étiquetage particulier. Les puristes citeront l’article 9 du RCE/834/2007 § 1 page 5/69. La réponse est claire : 0,9% selon correspond à des "traces accidentelles". Ces mêmes traces que le label AB autorise... CQFD. [8] - Le site Web de la filiale Indienne de Monsanto continue de venter les mérites de l'herbicide Roundup®. A lire, sachant que la France a condamné en 2007 puis en 2008 (jugement de la cour correctionnelle de Lyon) cette société pour publicité mensongère. En Inde, cet herbicide occasionne des dégâts catastrophiques aux hommes et à l'environnement (eau et sols). Ce qui était annoncé en Europe et même aux USA par certaines études scientifiques sérieuses et indépendantes. Différentes de celles bidonnées par des scientifiques payés par Monsanto et proches du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis.

Aucun commentaire: