vendredi 8 août 2014

Les teigneuses à la Ferme : après la manifestation

Les teigneuses à la Ferme Bel Air©Les teigneuses / Happy Fanny
Cela aura été un excellent week-end... Voilà comment on pourrait résumer les choses en se montrant réducteur...
Un rendez-vous de Teigneuses, personnellement, je n'avais pas encore eu l'occasion d'en vivre un. Par anticipation et taquinerie je l'avais renommé en Woodstock des teigneuses dans le post précédent. Mais à vrai dire, je ne savais pas de quoi il en retournait exactement.
Certes, le groupe fut loin d'être au grand complet. Mais après tout ce que j'ai pu voir durant ces deux jours, je n'ai aucun mal à imaginer l'effet de 300 rouets en ordre de bataille. Un truc thermopylien...
Très vite, la Teigneuse m'apparaît être un homo sapiens sapiens d'un genre un peu particulier. Capable de rester en place des heures durant à filer puis, prise d'un trop plein d'énergie (c'est le double effet du rouet qui semblerait recharger en même temps les piles de ces dames, enfin c'est théorique), elle se met à bouger, courir, rigoler, à manger des gâteaux, à bricoler, à s'occuper des visiteurs... Parfois c'est une combinaison d'un peu tout cela en même temps et, pour le profane que je suis, cela pourrait finir par donner le vertige. C'est pourquoi il me paraîtrait judicieux de proposer à l'illustre Académie des Sciences une classification particulière pour ce type de femmes : l'Homo Sapiens Sapiens Tingere.
ColoursColours
Mais revenons à nous moutons. Ce qui m'a le plus interpellé dès mon arrivée c'est la multiplicité des couleurs présentes sur les différents stands. Rien à voir avec cette monotone monochromie des marchés modernes seulement rompue par des affiches aussi agressives pour la rétine que pour le porte-monnaie. Ici, tout n'est qu'une succession d'harmoniques chromatiques d'horizons différents qui se superposent, se croisent, se télescopent, sans jamais se transformer en chaos pour composer un ensemble qui éveille les sens. Mes oreilles n'en croient pas mes yeux. Je passe de Wagner à Mozart, en m'attardant sur du Satie ou du Debussy. Tout cela fait remonter en moi des souvenirs d'enfance passés en Afrique, des images magiques à jamais gravées dans ma mémoire.
Magie est le bon mot. Et elle opère. En tout cas sur ma personne, c'est indéniable.
Tout l'espace aura été conquis, y compris le gros tilleul qui ombrage une partie de la grande cour de cette ferme de Bel Air à Villiers-le-Bâcle. Des suspensions géométriques ou des personnages (comme cette poupée revisitée par Dan Delion), réalisées par les filles, y ont pris place comme autant de spectateurs aériens de la fête qui se déroule en dessous d'eux. Ils s'y balancent au grès du vent qui en agite les branches rompant ainsi la monotonie du vert que l'Eté aura pu lui donner. Le tilleul est devenu un arbre à merveilles. Ceux qui jadis passaient au milieu des arbres sans lever les yeux restent le regard rivé sur la ramure de celui-ci pour tenter d'en percer tous les secrets. Je le sens tout ragaillardi par tant d'égards qu'il n'avait pas eu depuis fort longtemps.
teigneuse au rouetTeigneuse au rouet
Elles, ne se contentent pas de teindre, elles filent aussi, bien évidemment. Au fuseau comme au rouet. D'ailleurs laquelle n'aura pas apporté ce fameux matériel, que dis-je, cette excroissance d'elles-mêmes ?
Mais il n'y a pas que cela. Elles feutrent aussi et plutôt avec talent. Bref, si elles s'appellent les Teigneuses, ce qui est un peu réducteur, dire qu'elles touchent à tout ne l'est pas. Une teigneuse a l'air d'avoir plus d'un tour dans son rouet. Elles font ainsi preuve d'une créativité incroyable avec cette matière première, cette laine qui nous rassemble toutes et tous. Avec elles, les résultats sont splendides et la laine revêt bien des apparences. Celle par exemple qui réveille les papilles des enfants en inspirant des envies de barbe à Papa. Eh oui, on en mangerait. Avec elles il devient impossible de regarder un pull-over, une écharpe, un gilet ou même des mitaines comme on pouvait ne pas le faire auparavant...
FeutrageFeutrage
D'où viennent-elles ces Teigneuses ? De partout. De Belgique, du Nord, de PACA, de Rhône-Alpes, de Midi-Pyrénées, de la Région Parisienne, de Bretagne, du Centre...
On discute, on échange, on partage, on est finalement pas très loin de l'esprit de Woodstock.
Alexandre, un Australien de passage dans le coin, hallucine un peu lorsque je lui explique de quoi il en retourne exactement.
J'observe ces femmes, ce qu'elles réalisent et je me fais maintes fois la même réflexion : "Il y a du talent dans ce pays alors qu'on voudrait nous faire passer pour une nation de déprimés, de bons à rien !". Des pensées positives surgiront ainsi tout au long du week-end au gré de mes visites aux différents stands.
Il y a plus de vingt ans lorsque j'ai commencé à utiliser Internet nous étions persuadés que cela allait, tôt ou tard, révolutionner la vie de millions de personnes. Voilà un des points à mettre au crédit de la toile : elle aura contribué à ce que ce week-end puisse avoir lieu plus facilement.
Mais rendons à César ce qui doit l'être... Sans les filles pour organiser tout cela, la Ferme de Bel Air et ses bénévoles (celles et ceux que je pourrais oublier, bien involontairement, voudront bien me pardonner), rien de tout cela n'eût été possible.
Mesdames, vous m'avez épuisé rien qu'à vous observer. Et pour un ours comme moi ce fut vraiment un très bon week-end. Je suis reparti l'esprit plein de couleurs et d'idées, le coeur gonflé par tant de sympathiques rencontres. Et rien que pour ça je vous dis un Grand Merci!
Alors, en ce qui me concerne, soyez-en sûres et certaines : « I'll be back...» ;-)

L'Ours

4 commentaires:

GrannyCoquelicot et Luc a dit…

Les cousins belges apprécient ce beau texte qui exprime si bien ce que nous avons vécu à la ferme!
A bientôt!
Gene et Luc

Unknown a dit…

Merci à tous les deux, ce fut effectivement un excellent week-end.
C'est la démonstration par A+B de ce que ce genre de rencontre peut apporter sur un plan humain.
J'espère qu'il y en aura d'autres.
A bientôt à vous aussi et portez vous bien.

AmaYaga a dit…

Je n'ai hélas pas pu venir... Quel plaisir (un peu douloureux tout de même) de lire un tel récit... On y est, on y rêve et on en reçoit même du baume au coeur. Merci.

Unknown a dit…

Je ne sais pas pourquoi mais mon petit doigt me dit que ça a créé un genre de frustration post-fête qui gangrène toute idée de ne pas le refaire très prochainement. :)